L’IA va-t-elle remplacer les graphistes ?
Depuis un peu plus d’un an, l’IA semble avoir pris une accélération folle pour venir bouleverser notre quotidien : dans le cadre privé, vous l’utilisez sûrement pour enlever cette personne venue s’incruster derrière vous sur vos photos de vacances, ou encore imaginer votre avatar en version cartoon. Dans le cadre professionnel, les choses sont un peu différentes : l’IA signe une métamorphose de la structure même de certains métiers. Alors, qu’en est-il des graphistes ? Depuis l’expansion des outils IA, nombreux sont les clients ou même les personnes de notre entourage à nous poser cette même question :
Impresson risographie 2 couleurs
Test d'utilisation de l'IA dans photoshop : notre studio prend des airs de jungle.
Pour la faire courte : non. En tout cas pas bientôt. Le métier de graphiste demande un certain nombre de compétences, lesquelles ne sont pas toutes remplaçables par l’intelligence artificielle. Pour vous donner une idée plus concrète de la réalité des choses, voici quelques exemples :
Là où l’IA nous aide
Notre savoir-faire passe par une connaissance et une maîtrise accrue des logiciels. Ici, le développement de l’IA dans de nombreux outils est clairement une aide :
Dans Photoshop : Avec l’arrivée du remplissage de contenu génératif dans Photoshop, il est beaucoup plus rapide d’enlever ou d’ajouter des éléments à une photo. Là où nous aurions peut-être passé une demie-heure avant, l’IA va y passer dix secondes. Ainsi, il est plus facile (et parfois plus réaliste) d’ajouter un nuage à un paysage, de supprimer un arrière-plan, etc.
Avec MidJourney : La génération d’images est très pratique lorsqu’il s’agit d’esquisser un brouillon de projet pour des clients et être certains d’être sur la même longueur d’ondes. Par exemple, un restaurant nous demande une série d’illustrations sur les légumes d’antan afin de mettre en valeur sa cuisine traditionnelle. Nous écrivons un prompt dans MidJourney afin de générer des esquisses correspondant au projet et les montrons au client avant d’attaquer l’illustration de nous-même. Cela peut éviter des heures passées sur un travail qui ne correspondait pas à ses attentes. Gain de temps et d’énergie pour tout le monde ! Mais vous l’aurez compris, derrière, la majeure partie du travail nous revient.
Là où l’IA n’y peut rien
La notion de concept et l’originalité
Être graphiste implique non seulement une technicité certaine, mais aussi - et beaucoup l’oublient souvent - une connaissance en histoire de l’art, en règles typographiques, règles de composition. Et, avant toute chose, le graphiste est là pour aider le client à traduire un concept. Ici, l’IA n’est pour le moment, d’aucune aide. L’outil se basant sur des milliers d’images existantes pour générer ses images, le résultat est très souvent lissé, voire classique, et ne traduit pas la demande initiale du client. Par exemple, une boulangerie nous demande de créer une nouvelle identité visuelle moderne, minimaliste et originale :
Après plusieurs prompts, l’IA a généré des résultats basiques et assez datés. De notre côté, nous avons raconté une histoire en créant un concept autour de la pâte, base même du métier de boulanger, facilement déclinable sur tous les supports. Une bonne identité visuelle ne passe pas seulement par l’image : elle dit quelque chose, transporte le client.
La mauvaise traduction des prompts
On pourrait imaginer qu’il est à présent ultra rapide de générer l’image souhaitée : ce n’est pas toujours le cas. Il faut déjà trouver le bon prompt à écrire et, très souvent, ce n’est même pas suffisant. Par exemple, nous avions réalisé un montage d’une huître se confondant dans un rocher pour ne plus former qu’un avec la nature. Lorsque nous avons demandé à l’IA de reproduire la même chose à l’aide d’un prompt très précis, elle n’a pas du tout su générer l’image voulue.
Image 1 : notre montage. Image 2 : quatre propositions générées par MidJourney.
Les documents techniques
Nous ne passons pas la majeure partie de nos journées sur des projets créa. En réalité, cela représente moins de 30% de notre activité. Nous passons le reste du temps à décliner des identités visuelles déjà existantes sur différents supports de communications plus ou moins techniques : signalétique, magazines, kakemonos, packaging… Aucun outil IA ne permet pour le moment de générer des fichiers techniques aux cotes précises. Par exemple, réaliser le gabarit à plat et sur-mesure d’une boîte de gâteaux passe forcément par un graphiste.
En définitif, l’arrivée de l’IA bouleverse certes notre quotidien de graphiste, mais dans le bon sens : elle nous fait gagner du temps précieux sur certains projets, en plus d’être amusante à utiliser. Mais pour le moment, vous l’aurez compris, c’est davantage une aide qu’un substitut au métier de graphiste.
Alors, tant que l’IA n’aura pas totalement remplacé nos cerveaux et nos petites mains, Seelab sera toujours debout !
Mais bientôt avec l’IA il n’y aura plus de graphistes, non ?